Récit de l'Hostopital

Publié le par Luciiole

http://www.comingsoon.net/gallery/13868/fractureos.jpg

 

(Je n'ai pas vu ce film, mais il à l'air pas mal.

Bonne lecture !)

 

Un jeudi, je suis tombée de cheval. Je n'ai jamais compté mes chutes, j'aime juste à ressortir mon record personnel "4 fois en une séance !" qui remonte au temps où l'on faisait des jeux à cru près des orties… Folle jeunesse.


La chute elle-même n'était pas effrayante ni douloureuse, à part pour mon poignet droit. Je crains que mon réflexe de m'accrocher aux rênes en tombant (pour éviter la fuite de l'équidé quel qu'il soit) lui ait causé du tort. Il faudrait que j'arrête avec cet instinct, surtout que ça marchait plutôt bien avec les poneys ou petits chevaux, mais plus du tout sur ces grands chevaux – depuis le sol, les rênes sont trop courtes pour que je les garde en main après la chute.


J'ai donc chapé (benné, débarqué, goûté l'herbe rase…) et, sentant une certaine faiblesse dans ma main droite, appliqué immédiatement une de mes solutions préférées : la méthode Coué.
"Je ne me suis pas fait mal à la main, non non non non non non , je n'ai pas mal au poignet, pas du tout, non non non non non… RaaaH, j'ai mal !"
Après ce cuisant constat, je passais aux vulgarités contre lesquelles je milite toute l'année ; j'ai épuisé en une fois le stock presque intact de 2013.


Je ne me suis jamais rien cassé en tombant de cheval, ni autrement en fait. Donc je pouvais encore renier la fracture, en testant ce qu'on m'avait appris à observer lors des chutes de mes cavaliers : je ne peux pas trop bouger la main, les doigts oui mais ça fait mal. Puis-je me serrer la main ? (Normalement on serre celle d'un autre, mais là je n'avais pas d'autre), oui mais pas très vigoureusement. Il n'y avait rien de trop bizarre, pas d'os saillant, pas d'angle étrange, juste un début de gonflement.


Je me relevais, la jument était restée non loin de ma zone d'atterrissage forcé, et broutait d'un air plutôt serein, je crois que cette partie de la séance de travail lui convenait bien.
J'hésitais à remonter en selle ou pas, quand pour soulever un antérieur et récupérer les rênes ma main droite fît bien sentir que c'était trop ambitieux pour elle et que rentrer sagement à pied serait préférable. Ce que je fis.


"Bon, et maintenant ?" me dis-je après avoir enroulé mon poignet dans un t-shirt rempli de glaçons.


J'attendais une classe de collège, je devrai peut-être aller aux urgences, y'aller comment, je ne pourrai pas monter RockStar demain (au moins demain, effectivement), j'espère que la jument ne va pas bouger pendant la douche, faisons au plus simple et contactons quelqu'un qui sait gérer la crise.

"Salut Rita, ça va ? Oui, mais j'ai une mauvaise nouvelle, je crois que je me suis cassé le poignet…"


Rita géra la crise, j'ai accueilli le collège en attendant une collègue prévenue d'urgence. "Mi aide a ou ?" me proposa un des ados ("je t'aide ?") pour ranger et ce n'était pas de refus. Nous avons été mettre les licols à 10 chevaux, heureusement que ce n'était pas la première séance du groupe.


Puis départ pour les Urgences, c'est à partir de là que j'ai noté au fur et à mesure sur mon Nokia les trucs marrants qui se passaient. Je vous les livre sans trop de cohésion.


 J'attends dans un couloir qu'un médecin des urgences fasse le premier examen d'entrée, quand j'entends un "Plic" étrange près de mes pieds. Je jette un œil et rit doucement, sous le regard interrogatif d'un autre patient.

"– C'est un glaçon. Je sème des glaçons.

– Ah."

(Car oui j'ai toujours le t-shirt enroulé au poignet, qui finit de tremper mon débardeur)

Ø 

 

Dans la salle d'attente, ils passent des épisodes d'Urgences sur une petite télé. Il ne faut pas avoir peur de la comparaison. C'est un peu moins animé de notre côté.


Ø  Pour remplir le dossier d'entrée :

-        Il me faut le numéro de quelqu'un de la famille ici, ou un ami

-        Heu… Notez Rita Etienne

-        C'est une amie ?

Ø  Oui et une patronne aussi ^^


Ø  En attendant d'entrer en salle de radiologie, je suis assise près d'une maman qui tient sa fillette dans les bras. Celle-ci a une respiration sacrément bizarre, comme très gênée, on entend un sifflement à chaque inspiration.

Je m'imagine un instant maman, ma toute petite fille ayant un problème comme ça… l'angoisse me fait monter les larmes aux yeux en 5 secondes.

Mais la mère à l'air tranquille et la fillette aussi, je crois même l'entendre respirer normalement au bout d'un moment. N'empêche, l'angoisse.


Ø  En attendant cette fois les résultats des radios, j'observe le manège d'un gars que les secours ont amené, il est peu coopératif, alcoolisé et sans tenir debout ne compte pas rester pour qu'on s'occupe de lui. Du coup, il enchaîne les tentatives d'évasion à lenteur extrême.

-        Il y'a l'inconnu torse-nu qui s'en va encore… prévient une infirmière

-        A la limite, ça ne me dérangerait pas trop qu'il s'en aille. Répond le docteur débordé

-        Oui mais… Il se barre avec le fauteuil roulant.


Ø  Nous allons faire la radio, il y'a des chances que vous soyez enceinte ?

– Non.

– Il faut vraiment être sûre parce que ça peut être dangereux

– Oui mais je suis vraiment sûre que non, hein.


Ø  La même radiologue, ayant appris que j'étais là suite à une chute de cheval, commence à m'expliquer qu'elle hésite à inscrire sa fille à l'équitation. Il n'y a pas d'heure pour renseigner les futurs clients…


Ø  Un panneau près du bureau vitré nous informe : "S'il y'a un problème avec la sonnette, adressez-vous au bureau à gauche."
Considère-t-on que l'absence de sonnette constitue un problème avec la sonnette ?


Ø  Attente avec d'autres candidats à la fracture après les radios sur une rangée de chaises. Le docteur arrive, expédie les nouvelles en une minute d'une façon qu'on pourrait croire aléatoire : "Monsieur et vous madame, ce n'est pas cassé, on va vous remplir un papier et vous pourrez rentrer chez vous. Par contre pour Vous (moi) c'est cassé, il va falloir attendre l'avis du chirurgien."

Ça fait un peu tirage à la courte paille, je me demande si je n'aurai pas eu plus de chance assise sur une autre chaise.

D'ailleurs sur le compte rendu, plus tard j'ai lu : "entorse du poignet post-traumatique" barré et juste en dessous : "ce qui précède : ERREUR de patient"  XD


Ø  Je vois mes radios.
"Ce petit bout là est cassé, mais ça ce n'est pas grave" Ben quand même ! Il a l'air pas mal exilé, sur la radio là, pauvre petit bout !
(Après récupération du compte-rendu, ce petit bout se nomme : styloïde cubital. C'est mignon. Je pourrai sortir cette phrase un de ces jours : "ahh, ça me rappelle quand j'ai fait ma fracture styloïde cubitale…")

"Par contre ce qui est embêtant c'est cette fracture sur le radius parce qu'elle descend jusqu'en bas, c'est pour ça qu'il faudra voir le chirurgien." Mais quelle idée, de descendre jusqu'en bas !

(Fracture du radius comminutive avec trait de rend articulaire)


Ø  Je vais donc avoir un plâtre, wouhou !! C'est presque plaisant, hop, une expérience que je partagerai enfin avec la majorité de mes contemporains. (Oui car tout le monde a déjà eu un plâtre, n'est-ce-pas?) Je le vois déjà paré de jolis dessins.


Par contre, être opérée, c'est bon, j'avais déjà fait une fois, et c'était relou.


Ø  Le téléphone qui m'a suivi dans toutes les salles d'examen s'est éteint suite à une fâcheuse pression dans ma poche. Je me rends compte que c'est la première fois qu'il est éteint, et que je n'ai aucun souvenir d'avoir choisi de mettre un code Pin.

Mais le fait est là : on me demande un code Pin.
C'est peut-être le fameux 0000 d'usine, vu que je n'ai pas modifié ? Première erreur.

J'ai donc CHOISI un code.

N'ayant pas l'habitude de me compliquer la vie, j'ai certainement repris celui de mes anciens téléphones. Deuxième erreur.

Bon. Il ne me reste qu'un essai avant de bloquer mon petit Nokia qui ne me sert pas souvent à grand-chose, mais dont j'ai pour une fois bien besoin pour tenir au courant mon équipe en salle d'attente…

J'hésite entre deux possibilités, aucune n'étant plus crédible que l'autre, la vraie crédible était celle qui n'a pas fonctionné.

Le code à l'aura bleue ou à l'aura verte ? IIIIIHHHH ! Je ne sais pas !!

Au bout de quelques minutes de sourcils foncés, je saisi l'un des deux, ne le considérant ni plus ni moins probable que l'autre (mais un peu plus que n'importe quelle autre combinaison de touches)… j'attends et … VICTOIRE !

C'était le bon.

Au jour d'aujourd'hui, j'ai de nouveau ré oublié lequel c'était… Je me réserve encore une bonne tranche de suspens hollywoodien à la prochaine extinction de nokia.


Ø  Rendez-vous pris avec le chirurgien pour le lendemain afin qu'il me donne son verdict : opération ou non. Le médecin présent me parle maintenant de l'arrêt de travail, du temps de guérison, j'entends 
- 45 jours…
- 45 jours, d'arrêt de travail ?! 
- Oui, au moins, selon l'évolution.

-        … c'est fâcheux."


Ø   Je sortirai de l'hosto avec un plâtre ouvert, et un bandage pour le maintenir de la main jusqu'au dessus du coude. Je reviens assez vite sur mon enthousiasme plâtrien du début d'après-midi. Le plâtre, c'est naze, je ne peux plus conduire et en plus on ne peut pas dessiner sur celui-là !

 

 

 



Fin de la première journée, il y'a pleins de gens aux nouvelles et prêts à aider, je ne savais pas que mon téléphone pouvait biper autant de fois. :p


Après concertation avec la famille CHE, nous élaborons un plan pour aller le lendemain voir un autre médecin plus "sûr" que celui proposé par l'hôpital où j'ai passé l'après-midi.

Il faudra juste ruser pour me faire admettre aux urgences alors que d'urgences il n'y a plus visiblement puisque je suis déjà plâtrée à moitié… ^^;


"Je pourrai enlever mon plâtre juste avant ? Je peux, il est pas serré du tout"
"Tu arrivera en disant que tu as Vraiment mal, que tu n'as pas dormi de la nuit, etc…"

 


En fait on a fait ça de façon plus simple, et j'ai été admise quand même. Juste, le médecin qui m'a examiné se sentait un peu floué.


Ø  "- Mettez une note à votre douleur

-        Sur 10 ?

-        Oui

-        Heu… J'sais pas, 8 ?

-        Ah quand même !

-        Ben ça dépend, mais par rapport à l'absence totale de douleur habituelle, j'ai quand même bien mal !

-        Là où le poignet est cassé ?

-        Oui. (Je sais, mon originalité est détonante)"


Ø  "Donc là, on va devoir refaire les radios, c'est ça ?" demande le médecin à la fausse urgence (moi)

– Oui ^^  (hop hop hop) répondis-je un peu trop souriante pour une douleur 8.

 


Ø  Avant, dans le hall d'entrée de l'hosto, j'ai vu passer une chaise de bureau à roulettes, qui était transportée… sur un petit charriot roulant. Le concept était pas mal.

 


Ø  A propos de roulettes, on m'a installé dans un fauteuil roulant ! C'est-à-dire qu'au lieu d'aller d'une salle à l'autre rapidement pour aller passer les nouvelles radios, je devais attendre qu'un infirmier se libère, me pousse de quelques mètres et reparte. Yeah.


Ø  Vu mon seul bras valide, si je voulais m'enfuir en fauteuil là, je ne pourrai que tourner en rond vers la droite… Ou éventuellement en arrière vers la gauche, pour dérouter les poursuivants.


Ø  Plus tard, je me retrouvais installée toujours avec mon fidèle fauteuil près d'un autre patient torse-nu, couvert de tatouages TROP classes !


Ø  J'ai envisagé de dire que je savais marcher même sans le bras droit, mais d'abord j'ai volontairement poursuivi l'expérience fauteuil, puis quand je l'ai avoué, on m'a dit d'y rester quand même… Bon ok.

 


Ø  Pendant une autre longue attente, nous étions installées (moi et ma patiente accompagnatrice Gisèle) près d'une grande porte munie d'un système d'ouverture à distance par un bouton sur le mur. Et qui s'ouvrait également automatiquement à l'approche de gens (ou de charriots, elle est pas très regardante, la porte).

Mais une bonne moitié des médecins et autre personnel de l'hosto ne savaient pas que la porte les détecterait et s'ouvrirait, ils appuyaient donc chaque fois sur le gros bouton rouge au mur. Ou alors c'est juste qu'ils trouvaient cool d'avoir un gros bouton rouge sur lequel appuyer.

 


Ø  Une infirmière passe : "On sait ce qu'on va faire de vous madame ?" Voyant en elle l'ange salvateur qui va aller secouer un peu les médecins s'étant manifestement assoupis dans un coin, je lui explique que j'attends depuis une heure pour savoir enfin, ce qu'on va faire de moi.

Elle hoche la tête, … puis se barre sans un mot de plus.

Merci.



Ø  7h après être entrée dans cet hôpital pour refaire à peu près la même chose que la veille : j'en ai marre.

 


Ø  Dans une des salles d'attentes, il y'a une jolie télé en hauteur. Qui n'est pas allumée. Gisèle appuie sur quelques boutons pour y remédier, pas moyen de trouver une chaîne, par contre un compte à rebours se met en route… O_o 

Oui, comme dans Lost. 05:00  /  04:59  / 04:58

"Heu… Il se passe quoi dans 5 minutes ? Je crois qu'on va tous exploser."
Finalement, la télé s'est juste éteinte de nouveau, arrivée à 0. A moins qu'il n'y ait eu des conséquences dramatiques inconnues de nous.

 

 


 

Fin de la deuxième journée, au terme de laquelle j'avais obtenu un autre rendez-vous, et un "a priori pas d'opération".


Ce qui fut confirmé au cours du rendez-vous en question, j'ai gagné un plâtre résine sur lequel j'ai enfin pu dessiner le drapeau pirate de Trafalgar Law.

 

Publié dans Ephémeritudes

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