Coin de pensée
Lorsque nous avons quelqu'un(s) à qui dire les choses, nous
pouvons nous permettre de prendre peur et de nous laisser souffrir beaucoup plus facilement. Non. Pour les vraies peurs et la
réelle souffrance, psychique et physique, nous ne cherchons pas leur apparition plus que d'habitude (j'espère), mais, leur expression est beaucoup plus rapide, leur existence n'est pas reniée aussi longtemps qu'elle peut l'être.
L'autre est là pour endiguer, pour fermer de ses mains les brèches que nous laissons volontairement visibles, évoquant les débris qui en
tombent, le filet de mal-être qui passe au-travers.
Nous savons que ça ne tiendra pas, ces mains contre l'érosion, mais rien que le geste est si Beau, que cela ne fait rien. Que cela suffit
quand même souvent.
De toute façon, nous parlons avant d'avoir vraiment peur, avant d'avoir vraiment froid, vraiment mal. Et les brèches se font simplement oublier, dans les sourires de l'autre.
N'oubliez pas d'aimer démesurément (je t'emprunte ton mot Josy) ceux qui ont ce pouvoir
pour vous.
Je me souviens comme c'est, comme c'était d'être seule. Avec ces mêmes peurs et ces mêmes brèches. D'avoir à les regarder se former, sans leur offrir de mots, pour ne pas leur
offrir de réalité. De ne pas céder à la peur, surtout, parce qu'àprès la peur il n'y a plus Rien.
C'est de là que vient le calme, la Sagesse de dragon millénaire, l'indifférence.
Tout est dans le choix. Je ne parle pas encore souvent de toutes les brèches, je regarde toujours d'abord moi-même les fissures se former, parce que je sais qu'elles ne sont pas toutes si
importantes. Parce que certaines sont nécessaires.
Mais je pourrai en parler, avant d'avoir peur, avant d'avoir mal, et je le fais parfois.
Merci.